Le grand Maigret, Jules Maigret, du grand art.

Publié le par Samarkande

A cause d'un accident de travail qui me vaut d'être immobilisée et quasiment privée d'un bras depuis plusieurs mois et ce n'est pas fini, je me suis surprise à regarder des épisodes de Maigret , version Bruno Cremer.

Je n'aimais pas cette version à la base que je trouvais trop lente, avec des décors de carton-pâte , une fumée dérisoire de brouillard de pacotille et une musique dérangeante , tonitruante.

Et puis , comme on a le droit de changer d'avis, j'ai fini par m'y mettre, par rentrer dans cette atmosphère et comprendre la psychologie de Maigret et le travail de Bruno Cremer.

Petite je connaissais et j'adorais la version de Pierre Richard en noir et blanc , Pierre Richard qui a marqué mon enfance , les noëls de mon enfance par l'intermédiaire du comité d'entreprise de la boîte de mon père qui immanquablement nous envoyait, nous les enfants du personnel , au cirque comme d'autres vont au ski.

Bruno-Jules mise tout dans le silence et l'appréciation sur pièces si j'ose dire, il comprend tout au premier regard, ne juge pas, il parle peu, ton et démarches bonhommes, se laisse rarement aller, rit peu, sourit parfois, fume beaucoup (trop) en tirant sur son incontournable pipe, appelle quelquefois Madame Maigret pour lui dire de ne pas l'attendre dîner parce qu'il rentrera tard à cause d'une affaire traitée à la P.J, section Brigade Criminelle au fameux Quai des orfèvres.

Parfois c'est elle qui l'appelle au bureau en lui demandant ce qu'il aimerait au dîner.

Jules-Bruno c'est l'homme du silence, du recul , c'est l'homme courtois et discret, élégant en toutes circonstances, moralement et physiquement, du soupèsement de chaque acte , des regards fuyants ou durs comme de la glace.

Face à son personnel Jules-Bruno est un peu paternaliste avec des  "Allez les enfants " destinés à des Janvier, des Lucas et autre Paul Lachenal qui le gratifient d'un "D'accord Patron".

Face à sa hiérachie, il ne contredit pas, il reste évasif, induit les choses, va dans le sens du poil tout en gardant son intime conviction, ne contre pas mais sait aller au bout même s'il s'agit d'un notable qui est près à crier au scandale à la moindre question insistante.

 

Jules-Bruno sait être un grand seigneur lorsqu'une gamine s'est laissée abuser par un homme de rencontre fugitive , et qu'il n'ira pas plus loin que ce qui est dit dans son bureau, pas de déposition, pas de suite à donner pour ne pas faire de tort à des jeunes filles ou des jeunes gens inexpérimentés mais sincères.

Il se laisse attendrir face un enfant qui rêve devant un vélo par exemple , allant jusqu'à le lui offrir .

Parfois il a de la colère, envers la bêtise, les lenteurs administratives ou la mauvaise fois des adultes .

Jules-Bruno aime la table, les bons vins , les cigares, les bonnes choses.

Il prend son temps, observe beaucoup, questionne tout le monde, prend son temps, réfléchit , revient à la charge, se renseigne, devance les choses, comprend plus vite que quiconque, comprend si bien l'âme humaine.

Ce qui apparaît c'est que Jules-Bruno n'a pas peur, il n' a peur de rien, il est rassurant, affable sans plus, ne montre pas ses sentiments sauf à madame Maigret qui passe de sales soirées parfois devant son homme, silencieux, préoccupé, de mauvais poil.

Pour cette série réalisée pour la télévision dans les années 1990, l'action se passe dans les années 50-60, on peut reconnaître de grandes signatures telle que celle de Pierre Granier-Defferre, de José Pinhero, Bertrand Van Effenterre, Claude Goretta et tant d'autres..............

avec cette musique lancinante signée Laurent Petitgirard.

Les comédiens et comédiennes sont puisés du monde de la télévision , des seconds rôles pour l'essentiel , avec de temps à autres des sociétaires de la Comédie Française.

Jules Maigret-Bruno Cremer donne à chaque fois une belle démonstration que le crime quel qu'il soit n'est pas seulement l'affaire de malfrats de Pigalle mais fait souvent suite à des histoires de famille camoufflées vite fait dans du papier journal, des passions de toutes sortes et des haines cachées, non liquidées.  Quelquefois ce sont de petites gens qui pour s'en sortir bâtissent des stratagèmes et de pauves stratégies, en maquillant le crime en suicide.

 

Bien sûr derrière toutes ces histoires il y a le grand Simenon, Georges Simenon qui sait si bien nous emporter avec ses épisodes, en  apparence tous simples.

 

 

 

 

Publié dans Choses vues

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C
<br /> Bien sûr derrière toutes ces histoires il y a le grand Simenon, Georges Simenon qui sait si bien nous emporter avec ses épisodes, en apparence tous simples.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Bon rétablissement et guerison<br /> <br /> <br />
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